Chrétiens. Ils ont préféré le peuple au pape
Un stand chrétien à la Fête de l’Huma ? C’est possible ? Oui, vous ne rêvez pas. Juste à côté du stand PRS (Pour la République sociale), qui défend la laïcité, se trouvait le stand de la JOC, la Jeunesse ouvrière chrétienne. Association reconnue par la loi de 1901, elle accompagne les jeunes des quartiers populaires dans leurs projets. Carine, vingt-six ans, est permanente régionale de la JOC à Lille. Pour elle, c’est « dommage que les gens imaginent que la JOC est intolérante parce que liée à la religion ». Cécile, vingt-quatre ans, pense qu’il y a une « énorme diversité » dans la façon de vivre sa foi. La JOC, ce sont « des jeunes qui agissent, à la lumière de l’Évangile, mais tout de même avec les syndicats ». Ils enseignent avant tout les valeurs humanistes, que l’on retrouve dans le communisme : partager avec l’autre. Malgré la venue du pape à Paris le samedi 13 septembre, les membres permanents de la JOC ont donc tenu à être présents à la Fête de l’Huma. Et le voyage du pape ? Cécile préférait être à La Courneuve, elle pourra revoir le discours de Benoît XVI sur Internet.
Publié dans L'Humanité du 19 septembre.
Portrait, la gauche en héritage.
Marina, quarante-cinq ans, habite Montreuil. Elle vient à la Fête de l’Huma depuis l’âge de dixsept ans. Mais aujourd’hui, elle y vient accompagnée de ses trois enfants, âgés de quinze, dix-sept et dix-neuf ans. Venir à la Fête ? Un « acte citoyen ». L’ambiance est « sympa », même si certains aspects sont « déplaisants quand on est avec de jeunes enfants », comme le côté « pochtronnant ». Marina et ses filles, Indira (quinze ans) et Angela (dixsept ans), apprécient particulièrement les stands du village du monde. Et même si « la loi ça fait chier », l’opération « écologique » de l’association Ecocup, qui impose les gobelets consignés et réduit les déchets, emporte aussi leur adhésion. Angela, en terminale, participe activement à la vie lycéenne. C’est « important » pour elle de venir à la Fête de l’Huma, mais elle n’est « pas sûre que c’est en allant à la Fête que les gens prennent conscience de la politique ». Vladimir, dix-neuf ans et déjà sa carte de LO en poche, pense également qu’il faut être « sensibilisé » avant de parcourir les stands. Pour cette famille, « la gauche est bien vivante ».
Publié dans L'Humanité du 16 septembre
Peut-on encore aimer Siné?
Ca passe
« Un journal qui ne respecte rien. » C’est de cette façon que Siné qualifie Siné Hebdo, son journal dont le premier numéro est sorti mercredi 10 septembre. Largement vendu à la Fête de l’Huma, contrairement à Charlie Hebdo, qui ne pointe pas le bout de son nez. Siné, qui a toujours fait des dessins engagés et dérangeants (grand prix de l’Humour noir en 1955), a été évincé de Charlie Hebdo pour propos antisémites. Le fameux, « Il ira loin ce petit » à propos de Jean Sarkozy et de sa possible conversion au judaïsme, pourtant pas bien méchant... À travers l’affaire Siné, « c’est le rôle du caricaturiste qui est remis en question », nous expliquait un vendeur de Siné Hebdo. Pour cet acheteur, « Siné a toujours été un dessinateur anarchiste, anti-tout, et donc anti-antisémite » : tous les pro-Palestiniens ne sont pas antisémites, heureusement. C’est aussi la liberté de la presse qui est en danger : tout doit pouvoir être caricaturé sans qu’on crie au scandale. De l’humour.
Publié dans L'Humanité du 17 septembre
9h, la Fête se réveille
« Une bière ou un café ? » Dimanche matin, 9 heures, c’est la proposition qui m’est faite au stand de Haute-Garonne. Pour la plupart, un café est bienvenu après les excès de la veille, mais plusieurs groupes de jeunes errent dans la Fête, tente sur le dos et bière à la main. La nuit a sûrement été courte au camping, voire inexistante, comme le prouvent les yeux cernés des passants. Arrivée devant la grande scène, j’ai du mal à reconnaître la pelouse, tondue et devenue jaune sous le piétinement des spectateurs. Quelques personnes finissent leur nuit, d’autres s’étirent, réveillées par le grand soleil qui commence à cogner. Au milieu d’eux, les balayeurs passent avec leurs chariots jaunes. Malgré l’opération « Écocup » menée pendant la Fête, le geste écolo n’est pas encore un réflexe : les mégots et les déchets donnent du travail aux équipes de nettoyage. Les parents déambulent avec leurs enfants, qui eux sont assez réveillés pour faire du trampoline, le petit déj à peine avalé. Au stand des Côtesd’Armor, on ouvre déjà les huîtres. Celui des Comores fait un concours de musique au plus fort volume avec le stand de Colombie, juste en face. Plus loin, un artiste de Cahors dispose ses toiles, en plein air. « J’ai pu me balader un peu, aller voir Tiken Jah Fakoly, mais c’est quand même un peu craignos de laisser les toiles toutes seules. » Pour cet artiste, qui vient pour la deuxième fois à la Fête de l’Huma, « ça a bien marché ». Il est 10h30, les gens commencent à affluer sous le soleil, qui illumine la dernière journée de la Fête...
Publié dans L'Humanité du 18 septembre.